Ce travail a pour origine la proximité du marais du Brennegui, sur le chemin si souvent emprunté des rivages de Locmariaquer, dans le Morbihan. C’est un « spot » réputé pour les amoureux des oiseaux. Autant que les frémissements et les reflets de l’eau, j’en ai aimé la végétation changeante et diverse, à la fois humble et riche de qualités graphiques et chromatiques.
Ces qualités m’ont donné envie de traiter mes images à la façon de l’art du Japon ou de la Chine, en suivant mon goût pour la verticalité, qui associe au lointain les petites choses du premier plan, et invite à un cheminement dans l’image. Pour les artistes d’extrême Orient, il s’agit d’un voyage méditatif. Tant mieux si mes images y invitent, mais je n’ai pas d’autre ambition que de créer des images poétiques qui dialoguent en triptyques et ne doivent rien à des paysages grandioses.
Il ne faut pas perdre de vue que ce site ne donne qu’une idée très imparfaite d’un travail qui ne saurait s’apprécier qu’en présence des « vraies » images, en considérant qu’une photographie est d’abord un objet, dont la texture et les dimensions sont essentielles à l’effet recherché. Reprenant le format du kakemono
(1 mètre sur 42 centimètres), elles sont imprimées sur un papier mat et velouté Awagami Kozo Thick With, fabriqué avec des fibres de mûrier.
Le jeu du vide et du plein, caractéristique de l’art japonais et chinois, où à la place du ciel et de la brume apparaît la texture de la soie ou du papier, est assuré ici par un « vignettage », un dégradé qui cherche à créer l’impression que l’image monte doucement de son support, et qu’elle n’est pas dans son essence la reproduction d’une réalité extérieure.
J’ai voulu associer à mes images du Brennegui quelques autres de marais de Bretagne et de Normandie, sans oublier les eaux calmes des lacs, naturels et sauvages ou au contraire remodelés par la haute culture, avec un clin d’œil au plus illustre peintre occidental des petites merveilles des eaux dormantes.
René-Augustin BOUGOURD 